• Histoire du club

    Histoire du club   Feu Robert Fabry. (Discours du 30e anniversaire du club 20 octobre 2000)

     

    Résumer trente ans de la vie d'un club n'est pas simple car en fait, ce ne sont pas trente ans que je dois relater mais plus.  En effet, des documents conservés attestent qu'en 1964 déjà, certains taquinaient la petite balle dans le local.  J'ai souvenance en effet d'une première table fabriquée par le garde-champêtre du lieu, menuisier à ses heures.  

    Deux plaques concaves posées sur deux tréteaux, dont coût 400 F.   Elle s'avéra trop longue, trop étroit et trop basse de plusieurs centimètres.   Raymond, peintre à la retraite, sous mes

    dirctives aussi hésitantes qu'incompétentes, concocta, avec de l'huile, un savant mélange de poudre bleue et de poudre jaune qui donna un vert plutôt salade.  Un filet et douze balles

    pour 144 F. Quelques joueurs participèrent alors à un championnat organisé par la JRC.

    C'était un prélude.

    1970.  Les vacances de Pâques sont mauvaises.  Sans doute un peu désoeuvrés, Rose-Marie, Pierre et Alex sonnent à notre porte.   L'autorisation leur est donnée de faire leurs premières balles.  Ils me remettent bientôt un numéro de téléphone.   Une voix cordiale et joviale me répondit et me prodigua maints renseignements et conseils avisés.   Cette voix, je l'ai entendue mille fois depuis;  elle est toujours la même, aussi accueillante.

    C'était parti.  Un club voyait le jour.

    La première liste des forces ne comportait que des NC.  

    Restent aujourd'hui 3 rescapés, toujours actifs.

    Maurice.    

    Cet ardennais, malgré ses 73 printemps, garde l'orgueil du chêne, l'agilité et la noblesse du cerf, des anguilles grosses et longues comme ça qu'il retirait, dit-il, de sa Semois natale, l'agilité et la méfiance, mais surtout, du sanglier, le caractère grognon et  du renard, la filouterie.  Vous souvenez-vous du ravageur smash renversé, prothèse dentaire sur table ?     Une souche oubliée l'a fait trébucher mais il s'est vaillamment relevé et Maurice nous est encore très précieux par l'aide qu'il nous apporte.

    Charles.   

    Un retour.  Enfant terrible de mon école, il ne fut jamais un terrible joueur mais apporta la fantaisie.  Il eut l'honneur de bénéficier le premier des services de la compagnie d'assurance, s'étant, imaginez-vous, agenouillé sur un couvercle de boîte de saucisses.

    Et le troisième.

    Sans oublier personne, comment donc retracer l'historique d'un club ?

    J'ai choisi de le faire au travers des dirigeants successifs car ce sont eux, je crois qui orientent un club et l'imprègnent de leurs conceptions ou de leur philosophie.

     

    Les secrétaires. 

    Il n'y en eut jamais qu'un.   Si au début, il remplit honorablement ses fonctions, étant même sélectionneur, entraîneur, barman, balayeur, chauffagiste, portier, il est conscient, que l'âge venant, il doit être reconnaissant de pouvoir trouver auprès de ses proches ou ses amis, l'assistance nécessaire.   De secrétaire, il ne porte plus que le titre honorifique, non honoraire malheureusement.

     

    Les trésoriers.

    Ce poste est-il donc tant recherché ?  Ils furent nombreux.  Il y eut Jacques, un ami, dévoué à la cause des jeunes et de la culture, beaucoup trop tôt disparu.

    Emile et Lionel.  Le premier, homme éclairé, au jugement toujours rationnel.  Le second a su montrer la rigueur qui est la sienne en tout.

    Thierry.  Le boute-en-train.  Il apporta l'espièglerie.  Il a changé !

    Maurice, encore lui.   Minutieux et méticuleux, voire un peu maniaque.   Une erreur de quelques francs et c'était une nuit d'insomnie.   Dix francs trouvés lors d'un rangement de salle provoquaient une modification comptable instantanée.

    Jean arriva à une période de vaches maigres mais sut adroitement maintenir le compte positif.   Il eut beaucoup de mérites.

    Puis arriva l'homme à la petite mallette noire.   L'informatique entra en jeu, la chasse aux dettes fut ouverte.   Lorsque sa silhouette se dessinait derrière la vitre, un frisson parcourait la salle.   Ce n'est qu'après avoir goûté à sa première gueuze, que, de sa mallette enfin ouverte, s'envolaient de petits papillons blancs portant des additions plus ou moins longues.

    Mais le pire était à venir.

    Une corolla bleue, vers 18 heures débouche du chemin.   C'est la panique !  Les uns, subitement intéressés par les matches en cours, quittent furtivement la buvette, leur verre à peine commencé, et se réfugient dans la salle ou en un autre endroit plus discret.   Les autres consultent leur montre, constatent que l'heure du souper est déjà passée et se disposent à rentrer.   Pas de quartier !   Repérés, hélés avec autorité, acculés, ils doivent expier.   Puis dépouillés, ils n'ont plus qu'à rejoindre leur bergère pour quémander, sans grand espoir, quelques petits sous pour achever dignement le week-end.   Chacun le sait aussi, avec Anne-Françoise, la moindre dépense n'est consentie qu'au vu d'arguments solides.

     

    Les présidents.

     

    Alphonse : ce namurois de souche était bon, simple, affable.   Il fut le président fondateur.   C'était l'époque de la débrouille, époque où l'éclairage se limitait à deux ampoules logées dans des abats-jour poussiéreux chapardés à la base.   Alphonse eut beaucoup de mérites et sut faire traverser au club des premiers pas souvent déterminants.   Trop tôt disparu, son souvenir reste vivace.

     

    José : il devait être un président de transition.   On a dit cela d'un pape qui pourtant a bouleversé beaucoup de choses et a même atteint la béatification.   Avec ce président, débute une véritable politique des jeunes qui formèrent longtemps la charpente du club.   Il mit aussi à notre service ses talents culinaires;  les fumets des choucroutes, escavèches, flamiches et autres mets flottent encore dans les cuisines.  

    Pape José, merci.

     

    Francis : avec l'aide d'entraîneurs compétents et efficaces, la politique des jeunes s'intensifie;  beaucoup, parmi ces derniers, créent souvent la surprise.   Avec lui, vint aussi l'ambition,.   La nationale se profila et devint bientôt réalité.   Le club, déjà hospitalier, s'ouvre plus encore.   Ceux qui convergent vers nous se plaisent et apportent beaucoup.   C'est aussi notre président actuel qui donna l'impulsion nécessaire qui permit à nos locaux de faire peau neuve.

     

    Et c'est dans un climat d'une entente cordiale continue créé non seulement par ses dirigeants mais par tous que, durant trois décades déjà, notre club a progressé sans cesse.

     

    Ce fut une route jalonnée de succès et de défaites; de joies et de peines,  de deuils parfois cruels; de satisfactions et de déconvenues.

    Route marquée de l'empreinte des entraîneurs, de l'élite, des espoirs, des passionnés ou des simples amateurs, des joueurs du cru ou des transferts.

    Route blanchie par les plâtres de la famille Cat.

    Route rendue sinueuse par les déconvocations, la chasse aux certificats, l'absence du barman, les problèmes de nettoyage des locaux.

    Mais route balisée et sécurisée par l'implication de familles entières dévouées à la cause du tennis de table.

    Route rendue encourageante par la présence assidue de supporters fidèles.

     

    Notre objectif est toujours double.

    A savoir, d'une part, participer à l'épanouissement physique et sociologique des jeunes;  procurer ainsi le moyen de garder la forme;  inculquer à tous le respect des règles établies lors d'activités collectives;  inciter à agir avec fair-play dans la victoire comme dans la défaite, dans le respect de soi, du partenaire ou de l'adversaire.

    A savoir aussi, rechercher le délassement sain, créer des liens d'amitié durables autour d'une table, qu'elle soit dans ce local ou de l'autre côté de la vitre.

     

    Que les années futures soient nombreuses encore et apportent à chacun la réalisation de ses voeux.